Pétrole russe : vers un embargo de l'Union européenne ?

(Conception : Mathilde Hodouin – Réalisation : Amandine Victor)

Depuis l’invasion de l’Ukraine, les sanctions économiques pleuvent sur la Russie. Ce n’était qu’une question de temps avant que le couperet ne tombe sur le pétrole et le gaz. Ce mardi 8 mars, les Etats-Unis ont décrété un embargo sur les importations de pétrole et de gaz russe. L’annonce de Washington a entraîné une flambée sans précédent des cours du brut sur les marchés mondiaux, rapporte Reuters. Le jour-même, le baril de Brent a dépassé les 130 dollars. De quoi amplifié les inquiétudes sur la hausse de l’inflation et l’impact sur la croissance économique mondiale. De son côté, l’Union européenne (UE) s’interroge. Les Vingt-Sept peuvent-ils se passer du pétrole russe ?

Une initiative américaine…

Les Etats-Unis ont tiré les premiers, mais le sacrifice économique reste relatif pour l’Oncle Sam. Le pétrole russe représente que 8 % seulement des importations américaines, pour 4 % de la consommation de produits pétroliers aux Etats-Unis. Le pays reste le premier producteur de pétrole au monde — devant l’Arabie saoudite et la Russie — grâce aux hydrocarbures non conventionnels, c’est-à-dire au gaz de schiste. Par ailleurs, les Etats-Unis n’importent pas de gaz naturel russe. L’Europe ne bénéficie pas d’une telle autonomie énergétique. La Russie lui fournit plus de 40 % de son gaz naturel, plus d’un quart de ses importations de pétrole et près de la moitié de son charbon.

« Nous avons consulté nos alliés européens mais nous ne leur avons pas demandé de se joindre à nous et nous n’attendons pas d’eux qu’ils le fassent », a commenté la Maison Blanche. Ce mardi 8 mars, la Grande-Bretagne a fait savoir qu’elle arrêterait ses importations de produits pétroliers russes d’ici fin 2022. Ce délai doit « donner au marché, aux entreprises et à la chaine d’approvisionnement plus qu’assez de temps pour remplacer les importations russes, qui représentent 8 % de la demande britannique », a indiqué Kwasi Kwarteng, ministre britannique des Entreprises et de l’énergie, sur Twitter. Le Royaume-Uni n’est pas dépendant du gaz naturel russe (4 % de l’approvisionnement du pays).

Pétrole russe : vers un embargo de l'Union européenne ?

Une alternative européenne ?

Dans cette crise énergétique qui venait du froid, l’UE cherche une troisième voie. Ce vendredi 11 mars, les dirigeants sont réunis au sommet européen de Versailles. Objectif, mettre fin à la dépendance énergétique européenne vis-à-vis de la Russie. Ce mardi 8 mars, la Commission européenne a publié une ébauche de plan en ce sens. Il s’agit de s’écarter des combustibles fossiles russes « bien avant 2030 ». Cette stratégie implique de réduire la demande européenne en gaz russe de deux tiers d’ici fin 2022. Ce jeudi 10 mars, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé un nouveau plan de bataille d’ici mi-mai prochain. Il devrait permettre à l’UE de sortir du gaz et du pétrole russes d’ici 2027.

Sur le long terme, les dirigeants européens doivent réduire leur « exposition ». Il est question d’augmenter les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) ou encore d’accélérer le développement des énergies renouvelables. A court terme, l’Europe veut « garantir la sécurité d’approvisionnement et des prix de l’énergie abordables » pour l’hiver prochain. L’idée d’un embargo sur le pétrole russe ne fait pas l’unanimité. L’Allemagne et la Hongrie, notamment, s’y opposent. « Tout en condamnant l’offensive militaire russe et tout en condamnant aussi la guerre, nous ne permettrons pas que les familles hongroises en paient le prix », martèle le Premier ministre Viktor Orban. La bataille de l’énergie sera longue.